vendredi 8 mai 2009

le derrière de la chambre du disco vert


Semaine dernière, le Canard Enchainé m'a annoncé la triste disparition de mamzelle Marilyn Chambers à 56 ans, la tornade charnelle de 'Derrière la Porte Verte', le film culte des frères Mitchell, qui en 1972 a fait rentrer le cinéma porno dans la 'culture de masse' outre-atlantique.


Un film sans grand intérêt en fait, si ce n'est quelques plans d'anthologie avec des ralentis psychédéliques sous des couleurs solarisées au possible, des cadrages marrants aussi, enfin tout ce qui nous en ferait presque oublier de quoi il s'agit vraiment. Et bien sûr tout cela sous des pseudos thèmes érotico pseudo-intellectuels qui furent bien loin de ce qui a tout de même fait son succès, à savoir le corps en sueur de la dite Marilyn ne dansant pas que le disco dans des bras experts. Certains ont vu dans ce film le premier 'Porno Chic', avec un vague scénario et quelques acteurs pas vraiment pires que ceux que l'on pouvait croiser dans toutes les séries Z de cette époque.

Bref Marilyn Ann Briggs de son vrai nom, était plutôt jolie, plutôt menue, très US disco style, un vague brin de voix et après quelques séries ZX qui ne la ramèneront jamais à nouveau au niveau de la porte verte, elle rencontra tout de même en 1976 le producteur Michael Zager (à qui l'on devra un peu plus tard le fameux tube international "Let's All Chant", mais aussi le très chouette "Meurtres en 3 Dimensions, Theme de Vendredi 13 (III)" ou encore Love Express). Un tour, de la persuasion, et puis s'en vont, avec peu être le flair de faire un gros coup commercial, le producteur et la nouvelle chanteuse à voix se sauvent aux Bahamas enregistrer un 45tr qui aura son petit succès, "Benihana, Little Flower" profitant un peu de l'odeur de souffre que dégage toujours le nom de l'actrice bien des années après l'âge d'or du porno, à une époque où le Video2000, VHS et autre Betamax vont bientôt achever les salles obscures et moites et le Silicone faire ressembler les actrices à des ballons dirigeables et les toisons pubiennes disparaitraient pour longtemps sauf peu être dans quelques films spécialisés allemands.

Fait étrange, ou pouvant être pris comme un vibrant hommage ou encore comme une recette de succès, "Benihana" a été repris un peu plus tard en 1979, de ce côté-çi de l'Atlantique, par une jeune arriviste qui a également "poussé" la chansonnette tout en faisant également chanter sur pellicule son corps aux mains de messieurs italiens bien avantagés par la nature. Cette jeune artiste hongroise au doux nom de Ilona Staller, pas encore connue sous le surnom de la Cicciolina, mais tout était déjà là, puisque en pleine campagne pour se faire élire pour la première fois sur la "Lista del Sole", le premier parti vert italien, bien plus sexy et convaincant que Brice Lalonde qui se présenta aux présidentielles de 81. Bref, sa version de "Benihana" est quasi identique à sa grande sœur américaine, dommage de la part de quelqu'un de si raffinée, mais on mettra cette négligence sous le compte la précipitation de l'organisation des élections de l'époque.

Pour toutes les personnes qui seraient intéressées par cette période où disco et porno firent bon ménage ou du moins firent Chambers commune (warf!), je ne saurai que trop vous conseiller l'excellent film 'Boogie Nights' de Paul Thomas Anderson (1998) consacré à cette période, qui suit la gloire et la décadence de la carrière de Dick Diggler dans le milieu du porno de la fin des années 70 aux USA, avec de plus une B.O. plutôt bien foutue. La scène d'intro vaut bien un Carwash avec un 'Best of my Love' des Emotions en fond, une Roller Girl aux petits oignons et surtout une Discothèque qui ressemble à quelque chose. La vision d'Anderson sur cette période est plutôt intéressante, mélange de grandeur, de proto bling-bling, de fascination et de décadence avant le début des années sida, le personnage du réalisateur est un des plus réussis. Une de mes scènes préférées étant lorsque le héros Dick Diggler sentant le vent tourné, s'essaye à devenir chanteur de Hard FM, chose pour laquelle il n'est pas pour une fois bien taillé, la séance de chant en studio avec sa nouvelle coupe de cheveux vaut son pesant d'or.





Porno et Disco, au fond des carrières très proches, toutes deux disparues après des débauches de frics et de grand n'importe quoi, puis remplacés sans classe par des Gonzo et autres Dance.

et donc une bise à la Little Flower Chambers, et voilà une porte verte de tournée.

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